Respiration perturbée, cœur qui palpite, sueurs froides, frissons, maux de ventre et contractions articulaires… À ce stade, plus aucun doute possible : vous pressentez un danger. Quel est le rôle de votre ouïe dans le ressenti de la peur et la perception d’une insécurité ?
La peur, quand elle est ponctuelle et reliée à un véritable danger imminent, est notre plus fidèle alliée. Elle est constitutive de notre instinct de survie et nous permet de réagir face au danger mais aussi d’apprendre à mieux nous en protéger. Ses symptômes, dont une partie sont décrits ci-dessus, sont liés à la production d’adrénaline qu’elle provoque. L’audition étant le seul de nos cinq sens à être effectif à 360 degrés et 24h/24, il est donc le plus efficace pour nous donner des alertes en toute circonstance.
En dehors des bruits de notre environnement qui peuvent nous prévenir d’un danger (voiture qui roule, intempéries, pas d’une personne ou d’un animal…), la voix d’une personne potentiellement malveillante peut aussi nous donner beaucoup d’indices sur son état émotionnel et ses intentions. Cité dans un article de l’Université de Genève, Didier Grandjean, professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation suisse et au CISA explique que « lorsque quelqu’un nous parle, nous utilisons les informations acoustiques sur les émotions que nous percevons chez l’autre et nous les classons selon diverses catégories comme la colère, la peur ou la joie. » Pour en savoir plus sur la manière dont notre système auditif perçoit et traite les sons, rendez-vous sur notre article Entendons-nous tous les sons de la même manière ?
Si vous êtes adepte de thrillers ou de films d’horreur et à suspense, sachez que vos oreilles sont visées par des procédés bien spécifiques pour provoquer l’angoisse. Les atmosphères sonores de ce type de films sont faites de beaucoup de ruptures entre des moments de silence et de sons violents, entre des graves et des aigus, des dissonances, des répétitions et répondent à des codes bien particuliers. Interrogé par Radio France, le journaliste Benoît Basirico, spécialisé en musique de film et directeur du site cinezik.fr explique : « La relation entre la musique et le silence est très importante pour exprimer au spectateur quand il doit avoir peur, et quand il doit être rassuré. […] »
Si des classiques grincements de portes, bruits de pas ou encore cris et hurlements associés à des images horrifiques sont à coup sûr un cocktail inquiétant, une mélodie très gaie et apaisante accompagnant une scène violente peut également faire monter une sensation de malaise croissante. La composition des thèmes de films d’horreurs et des bruitages sont loin d’être faits au hasard, ils agissent directement sur notre corps, manipulent notre cerveau et sollicitent nos angoisses les plus archaïques. En définitive, même si l’histoire est fictive, la peur du spectateur et son expression corporelle est bien réelle.
Si depuis le début de cet article nous parlons de peur, il est important de faire la distinction entre peur et anxiété. La peur, c’est l’émotion qui accompagne la prise de conscience d’un danger réel et concret. L’anxiété, c’est un état psychologique prolongé qui se manifeste sans objet apparent… et il existe un lien entre troubles anxieux, dépression et perte d’audition ! Notre ouïe étant notre outil principal pour appréhender notre environnement au quotidien et nous signifier d’un potentiel danger, le moindre trouble auditif peut endommager la capacité d’un individu à s’assurer de vivre dans un espace sécurisé, surtout chez une personne âgée. La moindre gêne auditive peut donc mener à l’isolement et à l’installation de troubles anxieux. Une étude effectuée par un groupe de scientifiques sur plus de 5000 personnes de plus de 50 ans indiquerait que les troubles de l’humeur sont multipliés par 1,4 par tranche de 20dB de perte auditive. Alors, à quand date votre dernier rendez-vous chez l’ORL ?
